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Aujourd'hui ma fille a sept ans.
Je me souviens de cette fin janvier 2003, de la neige qui tombait doucement sur Paris quand nous sommes sortis de Bichat.
Avant il y avait eu ce départ un peu dans du coton pour la clinique, les arrêts dans l'escalier à chaque contraction. Chaque soubresaut de la route était un nid de poule, il fallait rouler doucement, souplement. C'était le matin. Mercredi matin. Comment passer à l'état de Papa? Est-ce que cette matinée allait changer ma vie?
Le mien de papa avait insisté pour que je l'appelle au moment où on partirait à la clinique.
"Ok bon ben j'arrive"
"Oui enfin prends ton temps parce que là ça commence juste mais ça peut durer des heures hein"
"Oui oui enfin j'arrive quand même, je serai là dans la matinée."
Elle est née, je suis dans un semi-état d'hébétude papaesque, ne comprenant pas tout ce qui se passe, croyant dur comme fer que c'était un garçon jusqu'à ce qu'une sage-femme dise "Alors mais c'est une jolie petite fille qu'on a là!" (ah bon? vous êtes sûr parce que j'ai bien cru voir une paire de ah non)
Elle s'appelle comment? "Paola?" "Paola"
"Il y a votre papa qui est dans le couloir..."
"..."
"Alors?"
"Alors Paola."
Et j'ai pleuré dans les bras de mon papa. Le passage de relais était presque palpable, quasi pas symbolique du tout, trop concret!
C'est un peu dommage qu'il ne soit plus là, j'aurais bien pleuré de fierté dans ses bras aujourd'hui.
Sept ans.